Histoire de l'Amicale Laïque de Tonneins
Le mot de Wilfried Cluchier et Alain Glayroux.
Aujourd’hui nous avons l’honneur de vous présenter une grande Dame qui vient de fêter ses 126 ans. Il s’agit de l’Amicale Laïque de Tonneins, fondée en 1898 en soutien à l’école publique. A l’époque des Tonneinquais, convaincus de la nécessité d'une école laïque pour que notre société progresse dans le sens de l'égalité et de la justice, se regroupent et fondent l'amicale des élèves, anciens élèves et amis de l'école laïque Jules Ferry, le 12 février 1898. Après les lois sur les associations à but non lucratif de 1901, elle sera déclarée en préfecture, au journal officiel du 5 août 1905.
Dès lors, l'Amicale Laïque devenait officiellement le partenaire reconnu de l'école Jules Ferry, école dont le nom lui-même est le symbole des lois scolaires instituant la Laïcité. Plus tard, se créera une Amicale Laïque à l'école Ernest Lavisse dont les statuts furent déposés en 1922. Le vendredi 15 novembre 1968, ces deux associations fusionnent pour devenir l'Amicale Laïque de Tonneins telle qu'elle est aujourd'hui.
Les premières actions de l’Amicale Laïque se concentrèrent sur une aide au fonctionnement de l'école Jules Ferry par la récolte de fonds, l'achat de matériels et un soutien pour les familles en difficulté. Les devises de l'association sont : amitié et solidarité ; de ces deux termes se dégagent tout à la fois des besoins de justice et d'égalité.
Les dirigeants actuels et le président Gautier FABBRO nous ont laissé consulter les différents registres et nous avons extrait quelques documents anciens, que nous avons le plaisir de vous communiquer. Avec notamment le plus ancien procès-verbal daté du 23 octobre 1925, et le compte rendu de l’Assemblée Générale du 17 novembre 1945, placée sous la Présidence d’honneur de Maxime Badie, assassiné par les nazis dans le camp de la mort de Neuengamme en Allemagne le 9 octobre 1944. Le Président de l’Amicale Laïque, lors de cette assemblée est Élie Masset, figure Tonneinquaise, qui occupera cette fonction pendant 33 ans, et qui ce jour-là tient à rendre hommage à ce jeune résistant et amicaliste, dont l’épouse connaîtra les geôles du château de Ferron, par rapport à ses activités dans la Résistance.
Dans ces documents nous trouvons aussi des feuilles d’emballages qui servaient à habiller les paquets de cigares et de cigarettes fabriquaient à la Manufacture des Tabacs, et les membres du bureau utilisaient comme brouillons les feuilles usagées. Il n’est pas inutile de dire que de nombreux salariés étaient des amicalistes. Comme vous le montre un document, ces registres étaient paraphés par le sous-préfet de l’arrondissement de Marmande.
Pour mieux connaître l’histoire de cette association, nous vous communiquons le livre qui a été rédigé lors du centenaire 1898-1998, et mis à notre disposition par les dirigeants actuels de l’Amicale Laïque, avec l’aval du rédacteur de cet ouvrage, Jean-Michel Féral. Ce livre nous raconte un pan très important de notre histoire, de ce tissu associatif où se retrouvent les enfants, les enseignants, les parents d’élèves, dans les différentes activités, que propose l’Amicale Laïque, avec comme leitmotiv la défense de la Laïcité, garante de notre République française.
Rappelons enfin ici quelques dates marquantes qui rappellent la contribution de cette Association pour Tonneins au fil des décennies, et qui pour certaines continuent d’animer la ville soit de manière autonomes (le basket, le cyclo, la danse) soit au sein de l’Amicale (le centre de loisirs de Tonneins, périscolaire) :
- 1925 création de la batterie et la fanfarette (les cadets Tonneinquais), section gymnastique, section athlétisme,
- 1928 création des garderies du jeudi,
- 1930 création de la jeunesse Laïque Basket-Ball,
- 1941 relance des cantines scolaires,
- 1944 création et gestion d'une bibliothèque,
- 1946 création d'un centre de plein-air (aujourd'hui centre de loisirs de Bugassat),
- 1960 création du ciné-club, puis cinoche,
- 1974 création cyclo tourisme,
- 1975 création d'une école de musique,
- 1985 création d'un théâtre,
- 1988 création d'un club de bi-cross, bridge et randonnée,
- 1990 création d'un club de trampoline,
- 1991 création d'une association familles Laïques,
- 1994 création de la PAJ (prévention animation jeunesse),
- 1999 création aux côtés du collège Germillac de l'opération "école ouverte",
- 1999 création d'un atelier cirque,
- 2006 création du CLAE de Fauillet,
- 2008 création du centre de loisirs de Fauillet et gestion de celui du Mas d'Agenais,
- 2010 création du périscolaire du Mas d'Agenais,
- 2013 création du périscolaire de Clairac,
- 2015 création de l'espace jeunes du Mas d'Agenais,
- 2021 création de l'espace jeunes de Tonneins,....
Si dans vos archives vous avez des photos de classes, des fêtes fédérales, des documents, nous sommes preneurs, et tous ces éléments viendront enrichir le fonds du Musée numérique d’histoire de Tonneins.
Bonne lecture.
Wilfried Cluchier et Alain Glayroux
L'article écrit par Jean-Marc Ferral en 1998 à l'occasion du centenaire de l'Amicale Laïque
Publié par La Mémoire du Fleuve n° 23
CENTENAIRE DE L'AMICALE LAÏQUE
Cette année, les 23 et 24 mai prochains (1998), l'Amicale Laïque de Tonneins célèbre ses cent ans d'existence, un siècle à défendre la Laïcité, pilier de la République et garante de notre Démocratie. Au regard de l'actualité internationale (Algérie, Irlande du Nord, Iran, etc., comment ne pas être reconnaissant envers ces hommes et ces femmes qui ont, à la fin du siècle dernier, institué avec détermination et force lutte cette valeur fondamentale pour la liberté, l'égalité, la justice et la paix.
C’est ainsi, que partout dans l'hexagone, des femmes et des hommes se groupent en société ou association pour défendre et promouvoir la Laïcité. A Tonneins, l'Amicale Laïque se crée, il y a un siècle, sous l'impulsion de citoyens désirant une société plus juste et plus solidaire, décidés à défendre cette valeur essentielle pour une véritable démocratie.
Avec l'arrivée de la IIIème République, proclamée le 4 septembre 1870 à la suite de la capitulation de Sedan, la France va connaître une révolution politique de ses institutions par le renversement de valeurs dominant notre société depuis le Moyen Age.
De 1881 à 1886, des lois essentielles qui assurent depuis les bases de notre Démocratie vont transformer la société associée, plus tard, à la séparation de l'Église et de l'État en 1905. En trois ans, la Chambre des Députés et le Sénat votent des lois qui demeurent les fondements de notre République : la liberté de créer des syndicats, la liberté de la presse et, sous l'impulsion du Ministre de l'Instruction Publique Jules Ferry, avec l'aide de la Ligue de l'enseignement et de la Loge Maçonnique du Grand Orient, appuyée par les partis de gauche, la mise en place de l'école gratuite, obligatoire jusqu'à 13 ans et Laïque.
L'École publique, l'École de la République, est née. Un vent de réformes, de libertés, d'égalité et de justice souffle sur la fin du XIXème siècle.
Les lois scolaires sont votées de 1881 à 1886, constituant depuis les bases de l'Éducation Nationale. La Laïcité à l'école met un terme à un monopole de plus de mille ans de l'Église Catholique et devient garante de l'égalité de tous, sans distinction de race ou de religion, devant l'accès à la connaissance qui est la base de la liberté de pensée et de conscience.
Victor Hugo, lors des débats parlementaires, répond en ces termes au parti clérical : "Je veux l'état laïque, purement laïque, exclusivement laïque."
Douze ans après la loi du 30 octobre 1886, confiant l'enseignement dans toutes les écoles publiques à un personnel laïque, naît l'Amicale des élèves, anciens élèves et amis de l'école laïque Jules Ferry, le 12 février 1898. Dans les statuts de l'époque sont écrits les objectifs suivants :
- Article 2 : "Cette association a pour but : la défense de l'École Laïque et de ses maîtres, de resserrer entre ses membres les liens d'amitié qui les ont unis sur les bancs de l'école, d'entretenir entre eux des sentiments de bonne confraternité, de travailler à l'amélioration morale et matérielle de chacun de ses membres. Pour moyens, elle se propose d'aider de toutes les manières possibles au développement de l'instruction. Elle entend limiter son action aux élèves de ladite école, aux membres de l'association, à leur famille et au personnel enseignant."
- Article 3 : "Elle s'occupe de trouver un emploi à ceux de ses membres qui pourraient en manquer."
L'Amicale Laïque va ainsi marquer durant un siècle la vie scolaire, sociale, culturelle et politique de notre ville.
Jusqu'à 1939, les joutes oratoires entre partisans de l'école "libre" et défenseurs de l'École Laïque étaient omniprésentes dans les différentes conférences débats organisées par les deux camps. Ces affrontements rejaillissaient sur la vie des tonneinquais comme le raconte avec passion Pierre Soyer dans son livre : "Souvenirs d'un maître d'école".
Un extrait retrace le climat à Tonneins vers 1920 :
"A Tonneins, il y eut ainsi deux écoles publiques, une de filles, une de garçons ; en face deux couvents et l'école des frères ou école libre comme on disait. La population se divisa et les problèmes scolaires introduisirent ainsi, malencontreusement, dans la cité et jusque dans les classes populaires qui auraient eu le plus grand intérêt à s'entendre, de fâcheux motifs de discorde et de division.
Face aux curés, petits frères et bonnes sœurs, nos instituteurs étaient à la pointe du combat. Ils se battaient à force de travail et de dévouement. Nous, les enfants de troupe, piétaille de la bonne cause, nous défendions nos idées et celles des autres à force de coups de poings et de cailloux comme on le verra que trop par ailleurs.
Les écoles confessionnelles avaient pour elles le soutien d'un tas d'associations politiques ou religieuses fortement implantées. Les partisans des écoles publiques rassemblèrent dans les amicales et groupements divers. Toutes ces associations ne tardèrent pas, par mille moyens, à se manifester.
Non contents de s'exprimer par le bulletin paroissial, le journal tonneinquais, qui paraissait le samedi, et la voix de MM. les curés prêchant en chaire le dimanche, les tenants de l'école libre montèrent une clique fanfare batterie afin de crier leur indignation par la voix des trompettes et le roulement des tambours. Ils la vouèrent à la Vierge immaculée dont elle prit les couleurs. Ainsi naquit les Pompons bleus.
En face poussèrent les Pompons rouges tout naturellement. Grâce à eux, nous pûmes répondre à l'aide de clairons laïques brillamment astiqués.
Dès lors, pas une fête, pas un défilé, pas un rassemblement sans une menace de combat." (Souvenir d'un maître d'école - P. Soyer - pages 25 et 26 - Imprimerie Jean Owen, Nérac - 1980)
C'est ainsi que des incidents entre Volontaires tonneinquais (Pompons bleus) et les Cadets tonneinquais (Pompons rouges) agrémentaient au fil des manifestations diverses la vie publique de la ville.
Comment se pouvait-il en être autrement ? Au regard des écrits et déclarations des responsables de l'église, on imagine sans peine la virulence des détracteurs de l'école laïque.
Le 29 novembre 1939, Monseigneur Verdier déclare :
"L'influence dissolvante de laïcisme n'est guère moins redoutable que celle du racisme germanique."
Après la défaite de 1940, le Cardinal Gerlier, Primat des Gaules, écrit :
"Victorieux, nous nous serions probablement emprisonnés dans nos erreurs ; à force d'être laïcisée, la France risquait de mourir."
Tout en menant son combat philosophique, l'Amicale concrétise les valeurs qu'elle défend avec de nombreuses aides et créations pour le développement de l'école laïque, d'actions périscolaires et sociales en direction des élèves de l'école publique.
Elle récolte des fonds pour l'achat de matériel scolaire, intervient auprès des autorités pour soutenir les instituteurs dans leur démarche et alloue des sommes aux directeurs pour aider les élèves de familles dans le besoin.
Elle développe des activités sport et périscolaires (cantines, centre aéré, basket, athlétisme, gymnastique, cinéma, école de musique, école de danse, etc.).
Elle se mobilise pour venir en aide aux personnes en détresse sociale ou victimes de catastrophes lorsque les aides institutionnelles n'existaient pas encore.
Elle remplit son rôle d'association d'éducation populaire par diverses actions culturelles ou informatives.
Tous ces bénévoles qui ont, au cours des derniers 36 525 jours, enrichi par leurs actions la vie de notre ville, sont à remercier pour leur engagement sans compter au service en particulier de l'épanouissement des enfants. D'autres ont pris le relais aujourd'hui, avec la même détermination et force de conviction que leurs prédécesseurs, et savent que lorsque l'on fêtera le bicentenaire de l'Amicale Laïque le même attachement aux valeurs d'égalité, de solidarité et de liberté aura animé l'action des personnes durant le deuxième siècle de son existence.
Jean-Michel FERAL
La Mémoire du Fleuve N°23
Le livre du centenaire de l'Amicale Laïque de Tonneins écrit en 1998
Rédigé par Jean-Michel Féral pour l'Amicale Laïque de Tonneins
Nous vous proposons d'ouvrir et/ou télécharger le fichier PDF contenant le livre publié en mai 1998 à l'occasion du centenaire de l'Amicale Laïque de Tonneins.
Banquet de l'Amicale Laïque tenu en 1957
Sélection des photographies : Alain Glayroux
Nous vous présentons quelques photos d'un banquet de l'Amicale Laïque de Tonneins, qui s'est tenu en 1957 dans le village voisin de Fauillet. Sur plusieurs photos nous retrouvons Élie Masset, figure emblématique de cette association, qu'il présidera durant 33 ans (1935-1968).
Fête fédérale de 1962
Photos séléctionnées par Alain Glayroux
Voici quelques photos de la fête de fin d'année scolaire 1961 des écoles laïques de Tonneins. Chaque école organisait son spectacle: certaines sont présentées aux familles dans leur école respective, d'autres au cinéma, certaines se terminent au jardin public .