Orphelinat protestant

Texte signé Annie Rapin-Timbeau publié en 1997 par La Mémoire du Fleuve. Photos sélectionnées par Alain Glayroux.

Notre région en 1845

La pauvreté de beaucoup de nos contemporains que dénoncent et déplorent aussi bien nos gouvernants que les organisations caritatives est une réalité douloureuse. Elle ne peut cependant être comparée à celle qui régnait dans notre région aux alentours de 1845.

Grâce à des correspondances entre particuliers, des rapports de prêtres, on connaît bien la situation de l’Agenais à cette époque. On sait, par exemple, qu’il y avait 300 mendiants à Villeneuve sur Lot que 1/6 des habitants de Grateloup et de Sainte-Marthe mendiaient. Un curé de Marmande précisait même :

« - Un grand nombre de ceux qui ne mendient pas ont de la peine à se procurer du pain après avoir payé les impositions ».

En ce temps-là, n’existaient que quelques hôpitaux et infirmeries dans les grands centres. Ils étaient créés et gérés par des ordres religieux catholiques et peu performants. Quant aux enfants abandonnés, aux vagabonds, ils tombaient sous le coup de règlements extrêmement sévères.

Les protestants n’ayant de présence légale que depuis Napoléon Ier ne possédaient pas de telles structures susceptibles de recevoir et d’entretenir les malades et les exclus. Par contre, très solidaires comme le sont toujours les minorités opprimées, ils se prenaient mutuellement en charge.

Dès qu’ils en eurent la possibilité, les Huguenots rétablirent en priorité les lieux de culte et fondèrent des écoles (à Tonneins, Saint-Etienne-de-Gajoufet, Escoutet, la Gourgue etc.).

En 1849, juste après les Orphelinats de Saverdun, Castres (adolescents) et Nérac (fillettes), fut fondé l’Orphelinat de Tonneins à l’intention des petits garçons.

Les fondateurs

Un acte de charité individuel fut à l’origine de cette œuvre, celui de Jean-Alphonse Lagarde. Cet homme était le petit-fils du Pasteur Louis-André Lagarde qui avait été arrêté en compagnie de quelques-uns de ses coreligionnaires en 1786.

Jean-Alphonse Lagarde naquit à Tonneins en 1810. Après des études classiques au Collège Royal de Bordeaux, il se consacra au Droit. Sa licence en poche, il revint en 1833 exercer la profession d’avocat à Tonneins et à Marmande. En 1838, il fut élu Conseiller Municipal et, presque en même temps, on lui confia le secrétariat du Consistoire Protestant. A la mort de son père, en 1857, il reprit sa charge de juge de paix qu’il conserva jusqu’en 1880.

En dépit de tant de travail et de responsabilités, il trouva le temps de rédiger de très intéressants ouvrages : Histoire de Tonneins, Chronique des Églises Réformées de l’Agenais, Étude sur la législation des Hébreux.

En 1847, il recueillit trois orphelins, dont l’un était originaire de Tonneins, à son propre foyer. Quelques mois plus tard, il loua une maison proche de la sienne (rue de la Gare) et il y installa ses protégés à la garde de l’une de ses servantes dont il appréciait les qualités humaines. Son initiative intéressa les membres de l’Église Évangélique locale et son Conseil Presbytéral. L’idée d’un établissement protestant spécifique destiné à recevoir des orphelins protestants s’imposa bientôt.

Le Pasteur De Prat, de Lafitte-sur-Lot et le Pasteur Cabos de Nérac étudièrent ce qui venait d’être réalisé ailleurs. Ensuite, en collaboration avec Alphonse Lagarde, ils élaborèrent les statuts d’un établissement qu’ils choisirent d’appeler :

Institut de Charité pour les Jeunes Orphelins Protestants

Afin de passer à l’exécution de ce projet, un Comité de sages se constitua. Leurs noms figurent sur une plaque scellée dans l’un des murs du bâtiment administratif de l’A.P.R.E.C. (L.F Lagarde, De Prat, L. Dubosc, A. Lagarde, Monbrun, Cabos, Lafforgue, Martineau, Couderc, Marrauld-Dupont, G. Calas).

Leur premier objectif fut de trouver un immeuble qui conviendrait aux besoins des enfants et correspondrait à leurs possibilités financières. Pour une somme raisonnable, ils acquirent un vaste et vieux bâtiment qui se dresse toujours à l’angle de la rue de la Gare et de la rue de la Gardolle, celui-là même à l’intérieur duquel le Pasteur Lagarde et ses amis avaient été appréhendés en 1786 par les soldats du Roi.

Cette demeure bâtie vers 1650 se caractérisait surtout par son délabrement que stigmatisèrent ultérieurement les médecins amenés à intervenir au chevet des petits pensionnaires. A travers les fentes des plafonds filtraient une poussière urticante, l’humidité rongeait les murs et les sols tandis que les fenêtres ne laissaient que chichement passer l’air et la lumière. Par contre, les galeries du rez-de-chaussée et de l’étage, la cour entourée de hauts murs et la proximité des lieux de culte présentaient des avantages.

Grâce aux collectes organisées dans un grand nombre de communautés huguenotes et aux dons de Tonneinquais de toutes convictions (laïques, catholiques ou protestants), les aménagements indispensables furent effectués. Pour diriger l’établissement, on fit appel aux Diaconesses de Reuilly (a). La Sœur Cluet fut désignée pour assumer cette délicate mission.

Les débuts. Évolution

Bien que les conditions d’accueil fussent draconiennes pour l’époque, des demandes d’admission parvinrent immédiatement et, dès le mois de juin 1849, on comptait cinq pensionnaires :

  • Jules MEYNARD de Montauban, protégé du Pasteur Cruveillé de Montauban,
  • Pierre GRANAT de Tonneins, confié par sa mère,
  • Jean RASTAGNOL de Marseille, protégé des Pasteurs de Marseille,
  • Claude SAULT de Roquecourbe, protégé de M. Daniel Fosse de Roquecourbe,
  • Henri RASTIER de Tonneins.

Trois ans plus tard, l’établissement abritait vingt-quatre pensionnaires.

Pour avoir une idée de l’existence que l’on menait à l’Institut, il faut se rapporter à quelques lettres, à des factures, à des textes de sermons ou aux souvenirs de seconde main de très vieux protestants tonneinquais.

Son inconfort et son austérité heurtent notre sensibilité. Pour mieux comprendre et nuancer notre appréciation, il convient de nous rappeler comment et dans quel cadre vivaient nos arrières grands-parents et grands-parents de condition modeste.

L’orphelinat possédait un puits et une citerne dans la cour. On y adjoignit très vite une pompe à main. Dans la cour se trouvaient aussi des W.C. rudimentaires. On se débarbouillait peu. La lessive s’effectuait en plein air et le rinçage aux lavoirs publics ou « à Garonne », comme presque tous les habitants de la ville le faisaient.

Des chandelles fumeuses assuraient un éclairage insuffisant. Il y avait peu de cheminées et elles ne dispensaient qu’un chauffage médiocre. De la paille ou de la balle d’avoine offertes par des agriculteurs protestants remplissaient les matelas sur lesquels dormaient les enfants et le personnel.

Il est fait allusion à une « salle d’isolement » réservée aux malades contagieux mais pas à une véritable infirmerie.

Le personnel, mal payé, se réduisait à une cuisinière, une lingère, une femme de ménage et une « laveuse ». La Directrice s’occupait des soins aux enfants, de leur instruction et de la gestion de l’Institut et elle avait à rendre des comptes détaillés au Trésorier. Heureusement pour elle, des jeunes filles et des dames dévouées de la paroisse l’assistaient bénévolement et régulièrement.

Des premiers registres concernant l’Orphelinat, il ne nous reste que celui qui contient la liste nominative des pensionnaires et quelques renseignements à leurs sujets. Les autres, jusqu’en 1858, ont soit été perdus, soit dorment dans des archives particulières.

Le premier document significatif dont nous disposons c’est le rapport imprimé en 1857 et qui fut distribué gratuitement à tous les bienfaiteurs de l’œuvre. Il s’agit d’un opuscule d’une trentaine de page. L’économie et l’efficacité avaient guidé ses rédacteurs ! Ce livret fut un succès et devint annuel. Il ne s’arrêta de paraître qu’en de rares périodes, les guerres en particulier. Sa couverture en couleur était faite du même papier de mauvaise qualité que les pages intérieures. Quand le nouvel Orphelinat fut édifié, sa photographie la décora. Un extrait des règlements figurait à son verso. La dernière page de couverture portait les noms des fondateurs, ceux des membres du Comité et celui de la Directrice. Peu à peu s’y ajouteront ceux du médecin, de l’aumônier, de l’instituteur, du chef d’atelier et même du jardinier.

Le rapport débutait par un compte-rendu de l’Assemblée Générale et de la fête qui la suivait. On évoquait le Culte solennel du matin et le texte du sermon d’un Pasteur renommé pour son éloquence et sa force de conviction était intégralement transcrit. Il était fait mention de toutes les personnalités présentes. Les interventions du Président, du Secrétaire, du Trésorier et, plus tard, celles des instituteurs et du médecin y figuraient. Venait enfin la présentation schématisée de la comptabilité annuelle.

Les toutes premières pages étaient consacrées à la liste nominative de tous les bienfaiteurs avec la nature et le montant de leurs libéralités. Vers 1946, la direction de l’Institut et certains membres du Comité contestèrent cette rubrique et obtinrent qu’elle soit remplacée par de la publicité payante, ce qui avait l’avantage de diminuer les frais d’impression et d’envoi.

Nous nous garderons de polémiquer à propos de ce choix qui nous prive de données sociologiques et historiques précieuses. En effet, ces énumérations nous ont permis de mieux connaître les communautés protestantes de 1848 à 1949, de retrouver le souvenir de familles éteintes ou vivant loin de Tonneins. Nous y avons découvert l’importante présence des négociants, banquiers bordelais et parisiens (d’origine française, anglaise ou hollandaise), ainsi que l’extrême générosité de l’aristocratie protestante.

Les précisions concernant les dons en nature nous éclairent sur l’importance de l’échange blé-pain et les habitudes alimentaires de l’Orphelinat. Jusqu’en 1940 on y consommait de grandes quantités de pommes, châtaignes, fèves, pois de toutes catégories, haricots, citrouilles, eau de fleur d’oranger, confitures et pâtisseries faites à la maison. Nous y apprenons qu’une grande partie des vêtements, sous-vêtements et chaussettes des orphelins était confectionnée par la lingère assistée de la Directrice et des dames de la paroisse. Il en allait de même pour le linge de maison et la literie.

En dehors de la séance solennelle et publique du mois de septembre, le Comité se réunissait très fréquemment en privé afin de régler tous les problèmes de l’établissement. On y arbitrait les litiges, on nommait des membres nouveaux, on enregistrait des démissions. Il fallait aussi examiner minutieusement des demandes d’admission d’enfants qui se devaient d’être protestants et en excellente santé. On avait à résoudre tous les contentieux qui concernaient la vie quotidienne de l’Orphelinat (santé, instruction, aumônerie, nourriture, vêtements, personnel, réparations etc.).

En 1857, certains pupilles atteignirent l’âge limite de 7 ans fixé par les statuts et les administrateurs eurent à se préoccuper de leur avenir. En effet, la plupart des familles s’avéraient incapables de reprendre leurs garçons et les capacités d’accueil de Castres et Saverdun devenaient insuffisantes. De plus, la Directrice et les membres du Comité prévoyaient le choc que subiraient des enfants arrachés à une institution devenue leur véritable famille. Il leur fallut alors envisager l’ajustement financier qui s’imposerait s’ils gardaient les plus de sept ans ainsi que les problèmes générés par la cohabitation de ces derniers avec les tout-petits.

S’appuyant alors sur des doctrines très répandues en ce dix-huitième siècle finissant : responsabilisation précoce des enfants, vertus éducatives du travail (c’était l’époque des écrivains Hector Malot, E. de Amicis), ils achetèrent une « vaste pièce de terre labourable située au lieu-dit Gardolle, près de la ville de Tonneins » où ils comptaient organiser des occupations aux aînés.

Ce petit domaine comportait une servitude : respecter la sépulture de la famille protestante Lacombe qui s’y trouvait ainsi que le droit de passage y conduisant Ce mini-cimetière qui a beaucoup souffert des outrages et des intempéries cause actuellement des difficultés au Directeur de l’A.P.R.E.C.

Au sud-ouest de l’enclos, on édifia une maisonnette pour un jardinier-métayer puis un petit atelier de corderie (V. photo n° 3). Cet atelier fut pourvu du matériel nécessaire à son fonctionnement grâce à 200 F offerts par l’Église Réformée de Marseille. La plupart des orphelins y travaillèrent à partir de 8 ans, d’abord sous la direction d’une amie de l’œuvre puis d’un chef d’atelier rémunéré. On payait les enfants au même tarif que les ouvriers des autres corderies de la ville et le prix du filage était réparti entre les jeunes travailleurs. D’autres garçonnets particulièrement adroits tricotaient des bas. Quant aux plus petits, ils fabriquaient de la charpie avec des vieux chiffons afin de confectionner des couvre-pieds. Le document (n° 4), fragment d’une allocution prononcée par M. Alphonse Lagarde au cours de l’Assemblée Générale de 1857 nous permet de savoir comment il justifiait des pratiques courantes à cette époque.

Néanmoins, fidèles et responsables préféraient initier les orphelins aux métiers de l’agriculture. C’est pourquoi en 1860 l’Institut acheta tout le terrain qui jouxtait la corderie, celui où sera plus tard l’établissement actuel.

Au cours de l’Assemblée Générale de 1861 M. Lagarde s’exclama, plein d’enthousiasme :

« Les enfants seront les petits métayers de l’institution ! ».

Ce qui n’était qu’une boutade s’avéra une réalité car, au cours des années qui suivirent, l’exploitation de cette terre apporta un complément de ressources appréciable à l’orphelinat.

L’instruction

L’instruction des enfants n’était pas pour autant négligée. Durant les premières années, la Sœur Cluet se chargea de leur inculquer des notions rudimentaires de lecture, écriture et calcul. L’âge des élèves et leur nombre s’élevant, la nécessité d’une formation plus conséquente s’imposa.

Il existait alors à Tonneins plusieurs écoles primaires protestantes de bonne renommée dont celle de l’Église Réformée, située à l’angle de la rue Birefred et de la rue de la Gare. Son Directeur en 1859, M. Courtines, ainsi que son adjoint, avaient été formés à l’École Normale Protestante d’instituteurs de Courbevoie. Nonobstant, le Comité d’obédience Évangélique ne désira pas leur confier ses pupilles. Moyennant un salaire de 150 F pour l’année, ils furent chargés de venir à tour de rôle à l’orphelinat pour s’occuper de la douzaine d’orphelins les plus âgés, la Directrice continuant d’assurer les apprentissages.

Les deux maîtres enseignaient la lecture, l’écriture, l’arithmétique, l’instruction religieuse et le chant. Le Comité leur imposa en outre de rédiger des commentaires détaillés de leurs activités lesquels, étaient destinés à être lus lors des Assemblées Générales. Leurs membres se réservaient le droit d’inspecter l’école à leur gré.

En 1862, un des élèves doué en calcul fut convié à suivre des cours de comptabilité et il seconda ensuite la Directrice et le Trésorier.

Appréciant les résultats heureux de ces enseignements, les dirigeants allongèrent le temps d’études des petits ouvriers de la corderie et, dès 1865, ils les associèrent à la gestion de leur travail et de leurs pécules individuels.

A partir de 1867, certains élèves doués furent autorisés à poursuivre leurs études et le Président du Comité eut, quelque temps plus tard, le plaisir d’annoncer au cours d’une Assemblée Générale, que l’un des garçons venait de quitter l’École Normale de Courbevoie et qu’il attendait un poste d’instituteur, qu’un autre suivait des cours de théologie afin de devenir Pasteur tandis qu’un troisième remplissait la charge de « drogman chancelier » au consulat de France à Bagdad.

Les jeunes qui ne se distinguaient pas au cours de leurs études étaient placés chez des artisans ou des agriculteurs.

Avec le déclin puis l’arrêt du trafic fluvial, les corderies de Tonneins fermèrent leurs portes les unes après les autres et l’atelier de l’Orphelinat fit de même. On tenta, sans succès, de faire fabriquer aux enfants des poches en papier pour les épiciers.

En 1880, la Municipalité de Tonneins qui venait d’ouvrir une école communale de garçons, laïque et gratuite (en face de la Caisse d’Épargne), supprima les subventions qu’elle versait jusque là aux écoles confessionnelles.

Des discussions passionnées s’engagèrent aussitôt au sein du Comité afin de savoir ce que l’on allait décider pour les orphelins. M. Marquis-Sébie remarqua que l’établissement venant d’être déclaré d’utilité publique par le décret du 4 août 1884, cela impliquait des modifications dans la conception des choses. Il déplora le mauvais état des bâtiments qui ne permettait plus d’abriter une école digne de ce nom. Il évoqua la nécessité de construire un nouvel édifice. Après toutes sortes de tergiversations, le vieil orphelinat fut vendu 7000 F à un ami de l’œuvre qui ne fixa pas de date pour la libération des lieux.

Le 23 mai 1886, on posa la première pierre du nouvel orphelinat dont l’inauguration fut programmée pour le mois de septembre 1888.

Les diverses églises protestantes de Tonneins s’étaient, entre-temps, associées pour ouvrir une école communale protestante gratuite et les orphelins la fréquentèrent jusqu’à leur installation dans la nouvelle maison. A ce moment-là le Comité décida, à l’unanimité, de faire instruire de nouveau les enfants au sein de l’Orphelinat, par un instituteur de son choix, M. Alix. La sœur de ce dernier fut également embauchée pour aider la lingère et surveiller les enfants.

Cet enseignant demeura en service jusqu’à la fin de 1908. C’est Melle Bonis, pourvue du Brevet Simple et chaudement recommandée par le Conseil Presbytéral de l’Église Évangélique qui lui succéda. En plus de l’enseignement, elle fut chargée d’emmener les enfants en promenade le jeudi et le dimanche.

Un règlement du Ministère de l’Éducation Nationale interdisant à une femme de diriger une école de garçons, le vieux M. Alix, presque aveugle, reprit symboliquement du service à ses côtés puis à ceux de Melle Bournac ensuite, tandis que le Comité recherchait un instituteur (V. photo n° 4, en 4ème page de couverture).

En 1913, M. Chatelier fut nommé mais il ne resta pas longtemps à son poste à cause de l’insuffisance de sa paie. En raison de la guerre, les autorités académiques se montrèrent accommodantes et des institutrices se succèderont après lui : Melles Peyré, Mme Labit, Braux, Laduie, Preignac, Féron et Jouanen.

En 1940, le Pasteur Gennatas obtint, grâce à ses relations personnelles, l’autorisation d’ouvrir la classe de l’Orphelinat aux petites filles de la paroisse, d’organiser un jardin d’enfants (de 3 à 6 ans) ainsi qu’une pension de famille pour des jeunes filles de 12 à 15 ans désirant fréquenter le cours complémentaire laïque. C’est à ce moment-là qu’en accord avec la Directrice qui était à l’époque Sœur Chapeyroux, M. Gennatas rebaptisa l’Institut et lui donna le nom de Clair-Matin.

Après le départ de la Sœur Chapeyroux en 1942 ce fut Mme Pommier, originaire de la région de Montpellier, qui assura la direction avec le concours de Mme Dupouy, infirmière diplômée. Le mari de celle-ci fut alors choisi comme Trésorier de l’œuvre.

L’occupation allemande empêcha l’orphelinat de recevoir le produit des collectes des églises situées au nord de la ligne de démarcation. La diminution des ressources, les restrictions et le renchérissement des denrées de première nécessité mirent Clair-Matin dans une situation critique. La première mesure de redressement prise fut le congédiement de Melle Jouanen, l’institutrice. Les orphelins furent dès lors envoyés à l’école communale laïque où ils trouvèrent un accueil bienveillant et des aides. M. Favière, le Président du Comité, dans un discours devant l’Assemblée Générale annuelle rendit un vibrant hommage « au corps enseignant de Tonneins qui s’occupe avec tant de sollicitude des enfants de l’Orphelinat ».

Il ne fut plus jamais question d’une autre forme de scolarité. L’instruction religieuse, quant à elle, était assurée par les Pasteurs en même temps qu’aux autres enfants protestants de Tonneins.

La santé des enfants

La santé des enfants causa autant de soucis aux dirigeants que leur instruction. En effet, beaucoup de ceux qui recommandaient l’admission de nouveaux pensionnaires ne tenaient pas suffisamment compte de l’article 12 des statuts qui stipulait qu’il était demandé :

« Un certificat de médecin constatant que l’enfant a été vacciné ou qu’il a eu la petite vérole, qu’il n’est atteint d’aucune maladie grave et qu’il jouit d’une bonne santé ».

De la fondation jusqu’en 1879 ce fut M. Menon, pharmacien et inventeur de plusieurs remèdes (dont le fameux baume qui porte son nom) qui se chargea de soigner les maux ordinaires des enfants, accordant des remises et des facilités de paiement à l’œuvre. Lorsqu’il jugeait qu’un cas dépassait ses compétences par sa gravité, il faisait appel à l’un des médecins de la ville. Les Docteurs Desclaux et Crébessac.

Jusqu’en 1857 l’état physique des orphelins ne causa pas d’inquiétudes majeures.

C’est seulement à cette date que survint le premier décès, au cours d’une grave épidémie qui sévissait dans la région et dont on ignore la nature. A cette occasion il est fait allusion à une infirmerie. Si l’on s’en réfère à la description faite par un architecte du Mas d’Agenais (pour l’estimation du bien), il ne s’agissait en réalité que d’une salle d’isolement. A partir de 1861 les orphelins se mirent à se plaindre de douleurs dans les yeux et de : maux de tête. Il fallut plusieurs mois pour découvrir la cause de ces affections ; la poussière qui tombait du grenier par les fentes du plafond tombait sur les enfants couchés dans les dortoirs.

Épidémies de rougeole, de coqueluche et de fluxions de poitrine sévissaient chaque année et, en 1867, un nouvel arrivant mourut du choléra sans avoir eu le temps de contaminer ses camarades.

Constatant la faiblesse de certains de ses petits patients, le médecin obtint que les six les plus mal en point aillent faire un séjour au Lazaret à Sète.

En 1873, les frais occasionnés par l’accueil gratuit de cinq orphelins de guerre protestants s’ajoutant à une sérieuse augmentation des frais médicaux obérèrent les finances de l’œuvre. Lors de l’Assemblée Générale le Président engagea vivement les bienfaiteurs à ne pas recommander à l’admission à l’Institut des enfants en mauvaise condition physique. Avec raison il précisa :

« - Nous ne sommes ni un hôpital ni une maison de santé ! »

Épuisés par les exigences de leur tâche, l’inconfort de la demeure et leur mauvaise santé, les Directeurs, M. et Mme Fraisse donnèrent leur démission. Contraints par l’urgence, les administrateurs entreprirent des aménagements et réalisèrent une véritable infirmerie.

En 1876, de fortes épidémies de rougeole et de coqueluche causèrent le décès de trois enfants et rendirent impérieuse la construction d’un établissement neuf et plus hygiénique. Dans l’immédiat, le Président précisa que, sur les conseils insistants du nouveau médecin attaché à l’Institut, des baignoires allaient être posées. Il ajouta que :

« - L’éclairage et le chauffage au gaz vont être installés dans la maison dans les meilleures conditions d’hygiène et de bon marché. »

Dès son entrée en fonction, le nouveau praticien avait manifesté le désir d’intervenir publiquement au cours de l’Assemblée Générale. Ce médecin, M. Doche, s’y montrera exigeant et pugnace dès sa première prestation. Il fut à l’origine de nombreuses améliorations de l’existence des orphelins.

Nous avons découvert, oublié entre les pages d’un registre de rapports au style recherché, un petit mot de lui adresser à la direction de l’Institut. Il traduit parfaitement le caractère entier de cet homme qui soigna des générations de Tonneinquais. 

En 1899, alors que l’œuvre avait emménagé dans ses nouveaux murs, survint une énième épidémie de rougeole et l’un des treize malades meurt.

L’année suivante le Docteur Doche intervint de manière pressante afin que la ration alimentaire des enfants comportât davantage de lait, de farine d’avoine, que le matériel médical de l’infirmerie soit rénové, complété et que les murs de la classe soient repeints de couleurs claires pour ne pas fatiguer la vue des écoliers.

Deux mois plus tard, en réunion restreinte du Comité, il demanda à établir un programme d’alimentation rationnelle dont il proposait de surveiller l’exécution en compagnie du Secrétaire. En dépit de leur obsession d’équilibrer le budget à tout prix, les gestionnaires s’inclinèrent, « félicitèrent le Docteur pour son zèle » et communiquèrent ses instructions à la Directrice. Le 10 décembre de la même année, le Docteur Doche se manifesta encore. Il avait en effet obtenu des divers fournisseurs et l’Orphelinat le relevé journalier des achats de la Directrice et il n’était pas du tout satisfait. Il ordonna d’augmenter les rations de viande et protesta car les médicaments qu’il prescrivait aux enfants n’étaient pas toujours administrés. C’est ainsi que, cette année-là, les orphelins avaient contracté un eczéma impétigineux (la pelade) pour n’avoir pas été soignés convenablement ; il avait fallu leur raser la tête à tous ! (V. photo de la classe de Melle Peyré). Le rapport médical qu’il présenta par la suite à l’Assemblée Générale, courtois mais sans concessions, fut accueilli en silence.

Le « Bon Docteur », ainsi que le nommait le Pasteur de Frontin, avait fâché pas mal de monde, « tiré des gémissements justifiés du Trésorier » mais il n’en avait cure et n’en resta pas là. Suivant ses consignes, la maison fut lavée et désinfectée plus fréquemment qu’elle ne l’avait été jusqu’alors, les murs blanchis régulièrement. En raison de son insistance, une vingtaine d’enfants partaient presque chaque année passer quelques semaines au bord de la mer.

En 1905, plusieurs épidémies s’étant déclarées dans la ville et l’Orphelinat, le Docteur exigea l’installation d’un bon poêle dans le dortoir où l’on rassembla les malades.

A la veille de la Grande Guerre il demanda le renouvellement de toute la literie et appuya l’injonction de l’Inspecteur d’Académie concernant l’édification de W.C. hygiéniques et l’alimentation en eau potable.

Après l’armistice, le Docteur Doche s’attacha à améliorer le sort des nombreux enfants incontinents. Il expérimenta, entre autres innovations, les matelas remplis de sciure de bois posés sur des sommiers métalliques.

En 1930, appuyé par M. Harlé, il fit installer l’eau courante et placer un ensemble douches-lavabos au rez-de-chaussée, obtint l’achat d’un bac en ciment pour laver le linge. Peu avant sa mort, il eut la satisfaction de voir l’Institut bénéficier d’un chauffe-eau.

Le Docteur Vautrain succéda à cet homme efficace en juin 1937. Compétent et dévoué, il se montra moins exigeant et plus diplomate que son prédécesseur.

L’augmentation de l’effectif des pensionnaires en 1940, la création d’un jardin d’enfants et la présence de quelques jeunes filles nécessitèrent la nomination d’une infirmière qualifiée.

Jusqu’en 1945 les comptes de l’établissement ne mentionnent pas d’honoraires de médecin et peu de frais pharmaceutiques. (Le Docteur Vautrain était-il bénévole ?)

Dès l’arrivée de Melle Moscherosch en 1946 le suivi médical des orphelins sera en tous points semblable à celui de tous les autres enfants. La sécurité sociale fera que les problèmes de santé des enfants se régleront désormais sans tenir compte des impératifs financiers du Trésorier de l’œuvre.

La gestion

A lire le compte-rendu de tant de difficultés de cette vie marquée par l’austérité, on pourrait s’interroger sur le rôle et l’utilité de l’Institut.

Pourtant, grâce à cette oeuvre, pendant plus d’un siècle des centaines d’orphelins protestants furent sauvés de la misère, menèrent une existence décente et apprirent à gagner leur pain, le tout sans aide de l’État, comme cela se passait d’ailleurs dans des établissements de même nature créés par l’Église Catholique.

Il convient donc de rendre justice à tous ceux qui ont dirigé, encadré ou soutenu l’Orphelinat. Savoir comment se géra l’œuvre jusqu’à sa prise en charge quasi-totale par des services d’État comme la D.D.A.S.S. et la D.D.V.S. permettra d’apprécier le dévouement et la générosité de ces gens.

Dans les débuts, les ressources comprenaient les droits d’admission des enfants, leurs pensions payées dans la majorité des cas par de riches bienfaiteurs ou des églises, le produit des collectes à travers la France. Il convient d’ajouter à cela l’impressionnante quantité de dons en argent, rentes, à l’occasion d’événements familiaux ou en nature tout le long de l’année.

En ce temps-là les subventions étaient rares. A côté de celles, régulières, d’un organisme protestant : la Société du Sou protestant, on notait celles de la Caisse d’Épargne de Tonneins et celles de la ville, ponctuelles.

Certains commerçants accordaient des remises généreuses et, une fois par an, on recueillait l’argent que contenait un tronc placé dans le vestibule de l’Orphelinat.

Quand l’atelier de corderie devint opérationnel, une partie du salaire des enfants représentant leur consommation de pain fut inscrite aux recettes ainsi que le produit de la vente des récoltes de la terre de Germillac.

En 1865 s’ajoutèrent les fruits des loteries organisées périodiquement. Cette pratique avait été approuvée par le gouvernement et, en 1868, l’Empereur offrira même un lot : une pendule.

Les membres du Comité compétents se chargeaient de placer judicieusement les excédents (quand il y en avait) afin de faire face aux imprévus. Ils créèrent également une caisse de secours pour les enfants.

En 1869, la famille Novello (dont le nom fut donné à un boulevard de Tonneins) offrit une rente annuelle à l’Institut. En 1871, un banquier de Cincinnati, M. Gimore, remit 5029 F au Trésorier qui en plaça une partie.

La vente d’un bâtiment aux Protestants Disséminés (b) et celle du livre de M. Alphonse Lagarde, Chronique des Églises Réformées de l’Agenais, permirent à l’établissement de ne pas être affecté par les conséquences du conflit de 1870.

Dès que l’Institut fut déclaré d’utilité publique en 1884 il devint « personne morale » et put se considérer vraiment propriétaire des legs et héritages dont il bénéficiait souvent.

En 1886, une deuxième comptabilité fut ouverte et affectée à la construction de l’Orphelinat. A côté de toutes les dépenses y furent mentionnés les dons et subventions reçus à cet objet.

En 1903, l’Orphelinat hérita de plusieurs maisons à travers la ville. Une seule fut gardée et louée. Ce que rapporta la vente des autres fut absorbé par les frais de construction.

En 1904, M. de Laguehay et M. Bachan léguèrent leur propriété des Douats à l’œuvre. La maison de maître, très ancienne et isolée, avait servi de refuge aux Pasteurs pendant les persécutions. Terres et bâtiments se trouvent au nord de Clairac et à 500 m du hameau de La Moleyre, région très vallonnée et difficile à cultiver. Le Comité la confia à un métayer et, en plus du revenu annuel en espèces, l’établissement comptait recevoir du blé, du vin, un porc et des volailles.

Un instant la Directrice avait songé à y envoyer les enfants de temps en temps pour la journée mais, en raison de l’éloignement de la ferme elle abandonna son dessein.

La demeure du « colon » fut réparée grâce au produit de la vente de quelques peupliers et de chênes qui poussaient sur la propriété.

Pendant la guerre de 1914-1918, le métayer, M. Dubreuilh, fut porté disparu en Orient. Sa femme ne parvint pas à exploiter seule la métairie qu’elle quitta en août 1919.

Considérant les maigres revenus de la propriété et la difficulté à trouver un métayer, les administrateurs préférèrent vendre les Douats et acheter des rentes sur l’État.

1935 fut une année faste. M. Emile Bareyre de Valparaiso envoya un titre de 5000 F de rentes en souvenir de son oncle Paul Bareyre et la dernière représentante de la famille Salavert légua à sa mort la presque totalité de ses biens à l’Orphelinat : plusieurs terrains dans la ville, la propriété de Bordevieille (aujourd’hui emplacement du Collège et des bâtiments et silos de la Coopérative Agricole), un domaine bordant le boulevard de la Gardolle.

La belle demeure du boulevard fut louée pour 40 ans à un notaire, Maître Calvet, qui s’engagea à la réparer et à la « gérer en bon père de famille ».

La propriété fut une aubaine car elle produisit tout le lait nécessaire à l’Orphelinat, une partie des légumes et elle permit aux enfants intéressés par l’agriculture d’y faire leur apprentissage.

La guerre de 1939-1940 faillit marquer la fin de l’Institut. Dès la déclaration des hostilités, il fut presque impossible de recevoir des dons de la zone occupée (en particulier les collectes des églises parisiennes), d’organiser la fête traditionnelle au cours de laquelle on vendait toutes sortes d’objets et on organisait des quêtes.

Le Pasteur Gennatas et son beau-père, le Pasteur Metzger de Montauban, consul des Pays-Bas, furent sollicités pour sortir l’établissement du marasme.

Grâce à son entregent et ses relations, le Pasteur Gennatas obtint des secours de la municipalité, du Conseil Général, de la Suisse et l’autorisation d’organiser des fêtes et ventes.

Il fallut néanmoins que le Comité se résignât à vendre presque la totalité des titres de rentes et à faire appel à la générosité des agriculteurs pour des dons en nature. Malheureusement, le règne du marché noir s’étant instauré, il ne fut pas suffisamment entendu.

Les terrains Salavert et d’autres qui dépendaient de la Bordevieille furent loués comme jardins de rapport. Par des voies détournées, des dons de Niort et de Paris arrivèrent à Tonneins. Accablé par la maladie et les difficultés de sa charge, M. Tarride donna bientôt sa démission de Trésorier et il fut remplacé par M. Dupouy, inspecteur à la S.N.C.F.

En 1942, pour des raisons tenant à la conjoncture politique, le Pasteur Gennatas préféra quitter Tonneins. La Sœur Chapeyroux, âgée et malade, s’en alla également. Ces deux départs marquèrent le début d’une période « noire » pour l’Institut.

La nouvelle Directrice venue de Montpellier, Mme Veuve Pommier, avait trois enfants à charge et elle n’était pas préparée à la tâche qui l’attendait. Elle s’avéra vite incapable de faire face à la situation. En dépit de l’aide et du dévouement des Pasteurs Saint-Martin et Waag, nouveaux venus à Tonneins, les dettes et déficits s’accumulèrent.

Les enfants, en partie livrés à eux-mêmes, connurent la faim, manquèrent d’affection et de discipline. Heureusement pour eux, ils bénéficiaient de l’assistance de certains paroissiens et du corps enseignant de l’École Laïque de garçons. Apitoyés, beaucoup de fournisseurs de la ville renoncèrent à exercer des pressions pour récupérer leurs créances.

En 1945, une institutrice à la retraite Melle Moscheroch remplaça Mme Pommier et M. Claude Roubet devint Trésorier. Tous deux, énergiques et désintéressés, parèrent au plus pressé, remirent de l’ordre dans la maison. Gertrude Durtschi, la future Mme Édouard Favre, les rejoignit.

Peu après, M. Édouard Favre qui avait rétabli toutes choses à la ferme de Bordevieille s’installa lui aussi à l’Orphelinat dont il devint Directeur.

La communauté suisse de la région lui apporta une aide importante et il sut, en outre, frapper aux bonnes portes (Américains du camp du Poteau entre autres) pour recevoir des secours indispensables. Il accomplit ce délicat travail de remise en ordre de la gestion tout en rétablissant une atmosphère familiale dans l’établissement. Il organisa des sessions de colonies de vacances dans les locaux de l’œuvre, ce qui apporta des ressources nouvelles et permit aux orphelins de pratiquer des activités qui les ouvrirent au monde extérieur.

Dès 1949 les recettes furent plus élevées que les dépenses.

Le versement des allocations familiales, l’augmentation des dons, les subventions pour les colonies de vacances et des libéralités du Conseil d’Administration de la Caisse d’Épargne de Tonneins permirent de réparer les bâtiments de l’Orphelinat et de la ferme, de renouveler la literie des pensionnaires, de moderniser la cuisine et de refaire les sanitaires.

En 1950, grâce aux produits de la ferme bien gérée et aux dons des maraîchers de la ville, Clair-Matin n’eut pas à acheter un seul légume.

A partir du moment où les comptes furent en équilibre, Édouard Favre décida de construire un Foyer afin de garder sur place les enfants atteignant quatorze ans et de les préparer à s’intégrer à la vie active. Tout d’abord, il reprit l’exploitation directe de la ferme avec ceux des aînés intéressés par l’agriculture. En 1955 il fit appel à un groupe de jeunesse international et oecuménique qui se chargeait de travaux de construction bénévoles durant les congés d’été afin qu’ils lui apportent leur aide.

Sa demande fut entendue et, dans le cours de cette même année, une troupe de jeunes de 13 nationalités se mit au travail. En quatre semaines, la base du bâtiment fut terminée.

L’année suivante, un mini-camp composé de jeunes de la région poursuivit la besogne. Tout s’acheva ensuite peu à peu grâce à l’aide de bénévoles et des jeunes auxquels était destiné le Foyer.

L’inauguration de la structure d’accueil d’adolescents eu lieu en présence des autorités locales et départementales.

Édouard Favre eut le plaisir de voir son oeuvre réalisée avant de quitter la Direction, le 10 mai 1962.

Conclusion :

L’histoire de l’Orphelinat, tel que l’avaient conçu M. Alphonse Lagarde et ses amis fondateurs, se termine à cette date pour laisser place à celle de l’Association Protestante Régionale d’Éducation Chrétienne que d’autres pourront écrire.

En effet, cette nouvelle structure se distingue nettement de l’autre par ses statuts, ses objectifs, son esprit et sa gestion.

Un Comité d’administration dont le Président protestant actuel est M. De Maleprade existe toujours mais son pouvoir d’intervention n’est plus que celui que les organismes d’état gestionnaires veulent bien lui concéder. Voici ce qu’un des Directeurs de l’A.P.R.E.C. écrit à ce sujet :

« Toutefois, nous ne nous faisons guère d’illusions ; toutes les œuvres confessionnelles se sont laïcisées depuis une vingtaine d’années et traversent les mêmes crises. Il est nécessaire, contrairement à certaines périodes du passé de ne pas se poser la question de savoir où se situent l’Église et les Œuvres.

Il s’agit dans la réalité concrète, de travailler avec les Églises, de se conforter. Il s’agit simplement de trouver des administrateurs prêts, en permanence, à dialoguer avec la plus grande largeur d’esprit, non pas en fonction d’un passé institutionnel, comme lorsque Association et maison ne faisaient qu’un, mais en trouvant des nouvelles formes de travail. »

Annie RAPIN-TIMBEAU

BIBLIOGRAPHIE :

1 - LA MISERE DANS L’AGENAIS EN 1774, Abbé Durenges (imprimerie Veuve Lamy) Agen 1895.

2 - HISTOIRE DE TONNEINS, Jean-Alphonse Lagarde.

3 - CHRONIQUE DES EGLISES REFORMEES DE L’AGENAIS, Jean-Alphonse Lagarde, Société des livres religieux, Toulouse 1870.

4 - RAPPORTS annuels édités par le Comité d’administration de l’Institut.

5 - LIVRES COMPTABLES, REGISTRES DES DELIBERATIONS DE L’INSTITUT, (aimablement prêtés par M. le Directeur de l’A.P.R.E.C.).

 

REMERCIEMENTS :

Merci à M. De Maleprade qui a réuni, classé la plupart des documents originaux et nous les a communiqués.

Les photographies sont de M. Jean-Pierre Coste qui nous a également prêté des cartes postales.

Merci à M. Igoulifene de Tonneins qui nous a permis de photographier l’intérieur de sa propriété (ancien orphelinat).

Merci à Melles et Mmes Nelly Dupouy, Dumail, Fitere, Andolfi, Favre, Hebrail, à MM. Edouard Favre et au Pasteur Waag qui ont bien voulu répondre à nos questions.