Texte biographique : Marie-Dominique Nivière
Pierre-Jacques Lèbe est né à Tonneins le 28 octobre 1929 et décède le 31 juillet 2008 Villeneuve-sur-Lot.
Pierre-Jacques Lèbe est le fils de Jacques-Jean Lèbe (né à Tonneins le 23 février 1905) et de Jeanne-Ismaëlie Louis (née à Nicole le 21 février 1907).
La mère de Pierre Lèbe, Jeanne-Ismaëlie Lèbe est la première élue pour la gent féminine, au Conseil Municipal de Tonneins le 8 décembre 1945. Tout juste après la loi qui donne le droit de vote aux femmes, (Les Élus Tonneinquais de 1778 à 2022, N°65 de La Mémoire du Fleuve, Alain Glayroux 2021). NDLR.
Pierre Lèbe épouse en premières noces à Paris dans le XVIIème arrondissement, le 30 juin 1953, Jacqueline-Simone Paris et après son divorce en 1980, il épouse à Monflanquin, le 2 octobre 1998, Françoise-Marie-Renée-Paule D’Andriesens, NDLR.
En 2008, l’artiste Pierre Lèbe[1929-2008] offrait au Musée d’Agen soixante-dix-neuf de ses œuvres (céramiques, dessins, sculptures, tapisseries), ensemble représentatif de sa production (peintures, pastels, sculptures, céramiques et tapisseries), qui permet d’appréhender la démarche de cet artiste.
Originaire de Tonneins en Lot-et-Garonne, très attaché à ses racines, l’artiste avait souhaité voir son travail reconnu et exposé dans un musée qu’il a toujours aimé et apprécié pour la qualité de ses collections.
Sa formation
De 1948 à 1953, Pierre Lèbe, se forme à Paris, à l’École des métiers d’arts, puis à l’École des arts décoratifs. Cet enseignement très complet lui est nécessaire pour acquérir rapidement une parfaite maîtrise technique.
En 1970, il quitte son poste de professeur d’arts plastiques pour se consacrer pleinement à son projet artistique.
Pour Lèbe, artiste protéiforme, la céramique, grès ou porcelaine, sera un moyen d’expression, au même titre que la sculpture, la peinture et le dessin, la tapisserie.
Grès tournés
Comme ses amis potiers de La Borne, Pierre Lèbe s’est attaché à privilégier la forme et la matière et non l’ornementation.
L’influence des artistes japonais, qu’il admirait, marquera son style à la fois sensible et austère.
Les pièces en grès tourné de Pierre Lèbe, souvent en pâte chamottée de sa composition, denses et sobres dans leur apparence, révèlent une parfaite maîtrise technique ; elles présentent une grande originalité dans les subtiles variations de couleurs des engobes et des couvertes naturelles à base de cendres végétales qu'il élaborait lui-même.
L’œuvre rigoureuse de Pierre Lèbe montre une profonde cohérence, une unité entre le matériau, sa forme et sa couverte
Grès modelés
Au cours de ses recherches, Lèbe s’affranchit du travail au tour – qui implique toujours plus ou moins les mêmes formes – pour s’orienter vers le modelage et le volume-sculpture. Il s’engage dans la voie de l’abstraction tout en gardant sa principale source d’inspiration : la nature.
L’expérience du design : Virebent
En 1968, la manufacture Virebent à Puy-L’Evêque (Lot), demandait à Pierre Lèbe ainsi qu’à René Bertoux et Yves Mohy de prendre part à la création de modèles novateurs pour les arts de la table. Lèbe fut très intéressé par le travail sur la porcelaine, matériau nouveau pour lui et qui demande une technicité différente de celle du grès. Cependant, comme pour le grès, ses recherches sur les formes, originales et épurées, visent à mettre en valeur les qualités de la porcelaine (sa préciosité, sa blancheur…).
L’artiste proposa à Virebent de créer de nouveaux effets de matières et de couleurs sur ses formes épurées en appliquant des émaux à la cendre habituellement réservés au grès. Virebent n’étant pas intéressé par ces recherches, Lèbe les développa de son côté dans ses propres fours dès 1967. La variété des émaux de grès – mats ou brillants - utilisés pour la couverte a permis d’obtenir des contrastes délicats et raffinés avec la porcelaine de ces très belles pièces uniques (les Vases plats, les Graines tripodes, les Vases-Galet, etc.).
Tapisseries et dessins
Les recherches et la pratique artistiques de Pierre Lèbe ne se sont pas limitées aux arts du feu : ses dessins et ses tapisseries sont inséparables du reste de sa production.
Lèbe fait tisser sa première pièce, Matin à Balangue, en 1967 chez Legoueix à Aubusson. Michel Tourlière l’a mis en relation avec les lissiers des manufactures aubussonnaises et plusieurs de ses oeuvres ont été réalisées dans les ateliers de Pinton, Clochard et Legoueix.
Ses tapisseries et dessins associent, dans des rythmes mesurés, des formes abstraites - toujours rigoureuses et épurées - et des couleurs volontairement limitées à une gamme de blancs et de tons sourds. Couleurs apparentées à celles de ses céramiques (cf. les essais d’émaillage sur les porcelaines) dans une même volonté de sobriété, liée au refus de l’ornementation, du décoratif. Dans ses projets de tapisseries comme dans ses dessins, la nature et les paysages sont toujours au centre de ses recherches.